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EXPOSITION DU LAND DE BAVIÈRE 2015

Les sujets de l`exposition

L’ Empereur arrive
Le 6 octobre 1805 Napoléon, Empereur des Français, entre pour la première fois sur le sol bavarois. Après plus de dix années de guerre, la population attend de lui qu’ il installe la paix. Cette attente sera largement déçue. L’ époque Napoléonienne est, malgré de nombreuses signatures d’armistices et accords de paix, une époque de guerre permanente. C’est également l’ époque de la reorganization territoriale en Europe : des états souverains naissent et le Saint-Empire germanique disparait. La Bavière est, par sa position centrale, un objet de convoitise autant pour la France que pour l’Autriche.
La Bavière et la France ne sont alliées que huit ans: de la signature de l’accord de Bogenhausen en 1805 à celle de l’accord de Ried en 1813. Pour la Bavière, ces années sont décisives pour sa transformation en un état moderne. La Bavière deviendra un royaume souverain, doté d’une constitution moderne et d’un territoire propre. Cela se fit au prix d’une alliance militaire avec Napoléon. Plus de 50 000 soldats bavarois perdent la vie sur les champs de bataille, en Prusse, en Russie, en France. Le Congrès de Vienne marque la fin de la guerre et le début d’un nouvel ordre.

Sur le chemin de l’alliance
L’ ascension de Napoléon se fait sur le champ de bataille. Il est un enfant de la revolution française. Pourtant, c’est tout seul qu’ il se couronne en 1804 Empereur des Français. Dans l’ électorat bavarois règne depuis 1799 un nouveau souverain : Maximilian Joseph von Pfalz- Zweibrücken-Birkenfeld. Il réforme son état de l’ intérieur et tente de faire oublier les temps difficiles. Jusqu’en 1805, la Bavière reste du côté de l’Autriche. l’Autriche et ses alliés. Dès 1796, les troupes françaises pénétrèrent dans les terres.
La Palatinat, pays d’origine du souverain ba- varois, est déjà perdu. En 1801, le contact est déjà créé entre la Bavière et la France, et, quatre ans plus tard l’alliance est scellée par l’accord de Bogenhausen.
Le prince électeur de Bavière devient roi, au prix du mariage de la princesse bavaroise et du fils adoptif de Napoléon. La Bavière est dans un premier temps épargnée.

Dans le sillage de l’ Empereur
Napoléon accumule les victoires. Son nouvel allié, la Bavière, avance conjointement sur la route de la victoire. En automne 1805, les Autrichiens sont chassés de la Bavière. Le 2 décembre 1805, Napoléon bat les armées russes et autrichiennes à Austerlitz. Le 14 octobre 1806, Napoléon inflige à la Prusse l’écrasante défaite de Iéna et Auerstaedt. Les troupes bavaroises restent du côté triomphant.
Napoléon règne en maitre absolu; donnant et prenant. Sur le long terme, la Bavière perd la rive gauche du Palatinat-du-Rhin, le duché de Palatinat-Deux-Ponts et Juliers. La rive droite du Palatinat-du-Rhin est temporairement cédée au Grand-Duché de Bade. En dédommagement de la perte de ses possessions de 1803, la Bavière reçoit les anciennes propriétés ecclésiastiques, les villes et les villages d’ Empire. Soit un ajout de 5.000m2 et 113.000 habitants. En 1808, le royaume s’ étend de Kronach au Nord au lac de Garde au sud, de Vorarlberg à l’ouest à Passau à l’est. À la fin de la période napoléonienne, la Bavière aura gagné 17.000 km2 et 843.000 habitants. En contrepartie, Napoléon exige l’adhésion de la Bavière à la Confédération du Rhin. La politique extérieure de la Bavière deviant ainsi complétement imposée par la France. La politique intérieur permet de poursuivre son processus de réforme.

Les réjouissances ne font pas l’unanimité
Le règne napoléonien est considéré comme le prolongement de la révolution française. Les dirigeants européens redoutent les coups d’ état jacobins, l’ É glise voit en lui l’antéchrist. Avec la dissolution du Saint-Empire germanique un nouvel ordre va naître. Les monastères seront fermés, l’ É glise perdra son pouvoir universel et les institutions du Saint-Empire germanique ne fonctionnent plus.
Napoléon divise : partisans et opposants, modernisateurs et perdants s’affrontent. Au sein de la maison royale bavaroise, les avis sont également partagés.

Le prix fort – La Bavière est exsangue
Alliée à Napoléon, la Bavière célèbre les succès militaires, mais le peuple paie un lourd tribut. Depuis le début des guerres révolutionnaires, des armées alliées et ennemies se déploient à travers le pays. Celles-ci laissent derrière elles des champs de ruines.
Réquisitions et pillages d’ habitations, destruction des campagnes et des champs caracté- risent le quotidien. À la ruine économique de l’ É tat s’ajoute la misère de la population.
La population souffre de la faim et de maladies, les femmes sont victimes de viols. Les épidémies accentuent la détresse. Même après le Congrès de Vienne en 1815, les soldats se disperseront à travers la Bavière. La population a surmonté vingt ans de guerre.

Tout pour l’armée
En cas de guerre, la Bavière doit fournir 30.000 soldats à Napoléon. L’ alliance militaire se concrétise pour la première fois en 1805.
Suivent ensuite et sans relâche la champagne de Prusse et de Russie en 1806/1807, celle de 1809 contre l’Autriche, de nouveau contre la Russie en 1812 et au printemps 1813, une nouvelle fois contre la coalition prusso-russe.
Les soldats doivent être recrutés, équipés et formés. La réforme de l’armée, en 1804/1805 tente de répondre aux exigences. Les mercenaires rémunérés deviennent des soldats engages auprès du roi et du pays. Le roi deviant chef suprême des armées. Le service militaire est rendu généralisé et obligatoire. La montée en grade au sein de l’armée est subordonnée à la prestation. L’ état se divise en onze secteurs de recrutements.
Les décorations et les distinctions fortifient le lien entre les soldats et le souverain. Le 1er mars 1806, le roi instaure l’ Ordre Militaire Maximilian-Joseph.

La Bataille
La période napoléonienne a profondément bouleversé l’art de la guerre. Les conscrits, bien souvent insuffisamment formés demandent une nouvelle tactique. Le front linéaire est dissout et les troupes progressent désormais en colonnes.
Rapidité, flexibilité et la définition de priorités cohérentes sont les caractéristiques des guerres napoléoniennes. Sa finalité est la destruction complète des adversaires. Chaque bataille est un combat décisif. Napoléon est un maître dans l’art de rompre les lignes ennemies. Il évite les attaques frontales, adoptant plutôt une position inattendue et déployant toute sa puissance. L’ artillerie gagne une importance cruciale. Elle ouvre le combat et fracture la ligne ennemie, permettant ainsi à l’ infanterie et à la cavalerie de gagner du terrain.
Les combats se déroulent des premières lueurs du jour à la tombée de la nuit. Le général des armées suit les évènements depuis un positionnement surélevé. Des coursiers à cheval l’ informent. Napoléon se distingue par le fait qu’ il choisit les moments cruciaux pour entrer lui-même dans la bataille. Il s’est trouvé plus d’une fois en danger de mort.

Fissures au sein de l’alliance
L’ alliance entre Napoléon et la Bavière connait en 1809 une première fissure. L’ Autriche commence une nouvelle guerre contre la France. Un soulèvement dans ce qui était encore le Tirol bavarois pousse les troupes bavaroises et françaises à se lier. Napoléon perd la bataille d’Aspern, sa première défaite. Á Wagram, il ressort encore une fois victorieux contre les Autrichiens. L’ intervention de dernière minute de l’armée bavaroise conduit par le général Wrede permet la victoire.
Mais ce n’est pas une victoire prestigieuse. Napoléon réussit cependant à en tirer profit : il épouse la fille de l’ Empereur, Marie-Louise.
L’ Empereur autrichien devient ainsi son beaupère. Un fils naitra de cette union, permettant à Napoléon de rester sur son piédestal. La Bavière sera pour lui territorialement et familièrement presque insignifiante. La phase d’ascension est terminée pour la Bavière. Il s’agit maintenant de préserver ses acquis et de maintenir son nouveau statut.

La catastrophe russe
Le 24 juin 1812, Napoléon franchit avec 450.000 soldats le fleuve Niémen, séparant la Pologne de la Russie. Plus de 30.000 soldats bavarois sont alors déployés dans ce qui est encore l’armée la plus importante de l’ Histoire.
Seulement peu d’entre eux y survivent. La faim, la soif, les maladies et les temperatures extrêmes sont les principales causes de mortalité. Les chevaux, indispensables à l’ époque sur les champs de bataille, sont rendus extrêmement vulnérables par le manque d’alimentation adéquate. L’ approvisionnement pour les hommes et les animaux est catastrophique.
En août, la Bavière lance sa première bataille à Polotsk. Un peu plus de 9.000 soldats aptes au combat sont mobilisés. Polotsk devient
‹‹Bayerngrab››, en référence au nombre de soldats bavarois morts. La cavalerie bavaroise, sous les ordres d’ Eugène de Beauharnais, se lance avec Napoléon vers Moscou. Le 7 septembre, elle prend part à la bataille meurtrière de la Moskova. L’ armée est en grande partie décimée.
À Moscou, Napoléon espère signer un accord de Paix avec le Tsar. Mais Alexandre 1er se refuse à toutes conversations. Plus tard dans l’année, Napoléon se retire de Moscou. Le passage de la Bérézina fut un combat à la vie à la mort. Le 12 décembre 1812, le reste de l’armée principale atteint de nouveau le Niémen, et parmi eux seulement 78 soldats bavarois avec leur général Wrede. Moins de 3.000 soldats bavarois reviennent de la campagne de Russie.

Adieu Napoléon!
La Bavière doit se réorientée au retour de la campagne de Russie. Le 8 octobre 1813 le général Wrede signe le Traité de Ried. L’ alliance avec la France est terminée. Le général Wrede prend les commandes de l’armée austro-bavaroise. À Hanau, celui-ci rencontre son ancient commandant en chef, sur la retraite après la bataille des Nations de Leipzig ; Wrede se bat contre Napoléon. La volte-face de la Bavière est sans état d’ âme.
L’ Europe se soulève contre Napoléon. En 1813 commence la campagne contre la France. Les troupes bavaroises se battent à Brienne, Bar-sur-Aube et Arcis-sur-Aube. Le 2 avril 1814 les armées alliées pénètrent dans Paris. Les forces victorieuses cherchent un nouvel ordre pour l’ Europe.
Au Congrès de Vienne en 1815, la Bavière veut maintenir sa position. Cela fonctionne ; la Bavière reste souveraine et conserve son territoire. Économiquement, le pays est à genoux. Le poids de la guerre, les effets du blocus continental et les temps difficiles ont conduit au déclin de l’agriculture et des activités commerciales. Les mauvaises récoltes font le reste. En 1816, la Bavière connait une grande famine.
Et le grand français? Napoléon est définitivement vaincu à la Bataille de Waterloo, le 18 juin 1815. La Bavière envoie 60.000 hommes pour la bataille contre Napoléon, son armée la plus importante jusqu’alors. Ils ne seront pas impliqués dans la bataille en tant que telle.

La légende Napoléonienne en Bavière
Le souvenir de la période napoléonienne divise encore en Bavière. D’un côté, l’ É tat doit à Napoléon le Vainqueur la revalorisation du royaume et sa transition vers un état moderne.
De l’autre, après ses défaites, Napoléon est le perdant et on le rend responsable de tous les maux.
Avec la chute de Napoléon en 1813, la grande époque commence pour la Prusse. En Bavière, elle prend fin ainsi. Le movement nationaliste prusso-allemand voit Napoléon comme un destructeur et la Prusse est considérée comme le libérateur du joug napoléonien en Allemagne. La Bavière tente de donner une nouvelle interprétation de son alliance avec Napoléon. Le prince héritier et future Roi Louis 1er associe la participation de l’armée bavaroise à la campagne de Russie à un sacrifice pour la patrie. L’ obélisque de Munich rappelled les ‹‹Trente mille Bav rois qui sont tombés pendant la guerre russe›› et souligne ‹‹Eux aussi moururent pour la libération de la patrie››. La ‹‹Salle de la libération›› construite à Kelheim par le roi Louis 1er commémore la victoire des Allemands sur Napoléon. L’ inauguration eut lieu délibérément le 18 octobre 1863, cette date marquant le cinquantième anniversaire de la Bataille de Leipzig.
Les anciens combattants entretiennent le mythe du général Napoléon. Le nombre considerable de morts lors de ses guerres ne lui est pas reproché. Au contraire, ils s’affichent fièrement avec les drapeaux et les décorations offerts aux participants des guerres napoléoniennes.

Traduction: Margot Rannaud